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7 septembre 2007

51. Dream catcher. #51.2 - Vraie-fausse Amérique (suite et fin)

COUNTRY ET COMPAGNIE

Ils sont tous pauvres et gras, et joyeux. Ils se dandinent au son d’un orchestre campagnard, d’autres disent country, installé à demeure semble-t-il, dans un angle de la large coursive qui fait le tour du premier étage. Il n’y a d’ailleurs pas de rez-de-chaussée, sinon un garage où les premiers arrivés ont mis leur machine à l’ombre précieuse de cette heure de l’après-midi.

Notre apparition étonne, même l’orchestre a eu quelques hoquets de banjo. Des mortels débarquant dans un Olympe inattendu n’auraient pas davantage étonné. Nous avons dit que nous voulions dîner et écouter la musique, on nous a trouvé une place, entre lui et lui, un peu serrés que je sentais l’arme me chatouiller le col du fémur, on nous a montré les points d’approvisionnement où la moindre côtelette d’agneau pesait huit cent grammes mais c’était du bœuf, le moindre verre de vin faisait un litre mais c’était du coca, où la bière se vend au gallon sinon rien.

Ici la bouchée de pain est le prix du repas, et c’est la seule chose qui ait eu cette taille.

Mon oreille prétentieuse a toujours eu un brin de condescendance pour la Country Miouzik. Des siècles d’invention négro-américaine mâtinée de voyages à travers le monde des musiques de tous pays m’ont déformé le pavillon droit et le gauche aussi. Le quadrille sautillant et la mazurka du désert me sont presque inaudibles, non que je souffre mais je m’ennuie. Je me veux grande zoreille, et ne suis que préjugé de chair et d’os, et de cartilage en plus. Elle est gaie la musique de la campagne brûlée de soleil où rien ne pousse, elle entraîne, elle sautille du rythme et des accords, et à notre tour tout le repas nous avons sautillé sur notre banc à ne pas remarquer que nos voisins sautillaient aussi, indiens saoûls et cow-boys ivres.

Comme souvent dans ce monde étrange, après nous avoir dévisagés, nous voyant prêts à avaler des tonnes et ingurgiter des mètres cubes en sautillant avec eux, ils nous ont oubliés. Ils nous ont à peine regardés quand nous sommes partis, tardifs et réjouis. Le charme de ce pays, comme il est un charme de fée et un charme de sorcière, est de vivre en paix et de mourir en public sans que personne ne te voie.

 

Leur soirée ne faisait que commencer, et la nôtre aussi mais nous ne le savions pas.

à suivre.


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Commentaires
A
Tu ne crois pas si bien dire, et comment as-tu pu lire ce que je n'avais pas encore écrit?
M
Un commentaire de Madame Aliénor aurait probablement tout son charme, elle a dû réagir aussi à l'entrée avant de sortir réjouie ...
M
Comme tous les feuilletons, ça s'arrête au moment le plus palpitant ....<br /> Alors je vais danser la country moi aussi ? sais-tu que ça gagne les 30-35 ans dans notre beau pays !
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