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22 août 2007

51. Dream catcher. #51.1 - La maison dans la prairie (début).

HISTOIRE DE JOHN.

Ce fut une belle étape. Une belle marche dans l’escalier du retour. Nous savions qu’ils nous attendaient et nous avons fait le détour qui s’imposait, trente kilomètres au Nord de Page, ce qui nous ramenait à l’heure de l’Utah. Une heure plus tôt, une heure plus tard, selon qu’on est chez soi ou au supermarché du coin, le tout est de ne pas se laisser distraire par la beauté du ciel. Il faut seulement ne jamais oublier qu’en pénétrant l’Utah, tu changes de monde, l’œil des Mormons te surveille.

Éric et John nous accueillent aimablement, comme si nous étions de vieux amis perdus de vue surgis du bout du monde. La petite maison est coquette mais la prairie est un champ où poussent les cactus à foison, difficile seulement de s’y assoir, des grands et des petits, des ronds et des carrés, des creux et des plats, parmi lesquels parfois serpente un serpent.

La table est installée sur la terrasse attenante. L’air y est étrangement frais dans la fournaise ambiante, sans qu’on puisse repérer une débauche d’énergie climatisante. Elle est orientée vers le Nord, direction Mormons, et n’a pas connu le rayon du soleil de sa vie. Ici, sourires, amitié, amabilité, aisance, écoute, bavardage. Ils ouvrent une bouteille de vin californien de bonne facture, et nous buvons tous quatre en nous racontant nos vies.

Nous ne nous connaissions pas il y a cinq minutes, et nous parlons comme d’anciens combattants se racontant des campagnes qu’ils auraient vécues ensemble. C’est aussi l’Amérique, ces rencontres. Il ne faut jamais désespérer de tous. C’est surtout celle de John que j’ai retenue. Une vie de lutte contre la mort des femmes qu’il aime, femme ou fille, contre leurs fuites une fois guéries, contre la solitude où elles l’ont laissé. Pas d’aigreur ni de revanche dans son histoire, là est ce qui m’a le plus touché, mais une volonté inébranlable de recoudre le tissu, en dépit des évidences qu’il sait bien voir aussi. Mais seul espoir de survie. Un jour peut-être j’inventerai l’histoire de John à partir du souvenir que j’en ai gardé, et elle finira bien.

C’est au fond du désert, aux confins de l’Arizona et de l’Utah, qu’il a posé sa valise et qu’il a construit cette maison dans la prairie, cette prairie où ne sont que cactus mais lui l’appelle prairie, où il rencontre des gens venus du bout du monde, les passants improbables que nous sommes et que sont tous ceux qui passent ici, en gardant sa seule idée en tête, celle avec laquelle il a nommé sa maison, Dream Catcher.

#51.1 à compléter.


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Commentaires
M
C'est une belle histoire triste et j'ai appris par coeur l'itinéraire de Page, avant, après, autour, histoire de ne pas me perdre, merci l'oeil.
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