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28 juillet 2006

‎38. Saint-François et Saint André #2.

Deux jours que nous avons laissé nos cousins dans leur montagne tranquille. Comme toujours après de belles retrouvailles, le départ est tristounet. Des années sans se voir, deux jours à parler comme des Niagara, cette cataracte est mieux appropriée ici que les chutes du Zambèze ou celles d’Iguaçu vous en conviendrez, et voilà il faut partir. Ils ont leur vie qui va les reprendre et nous avons notre aventure à continuer ; comment pourrais-je vous raconter la fin pacifique de l’Amérique si je reste planté en Ashland ?

On ne peut même pas se poser des questions qui fâchent : nulle mésentente n’est venu assombrir la rencontre, nulle impatience ne devait l’écourter. Il en était ainsi, il ne pouvait en être autrement, aujourd’hui c’est lundi et le quotidien qui roule du matin au soir reprend ses droits dont nous ne sommes pas, cousins n’y peut. Il faut partir avant que vienne la gêne et tant pis si la phrase commencée ne se finit pas, on se dit au revoir on se dit à bientôt, chacun sait qu’il n’est pas de sitôt, le revoir. La porte est refermée.

Il faudrait un miracle. Cette interminable falaise qui se déroule et sur laquelle des générations de navigateurs incrédules se sont ennuyés. Pas d’entrée, pas de port, pas de passage, juste ici ou là un petit refuge, juste de quoi se poser furtivement pour repartir plus vite encore, chassé par la tempête ou les habitants de la terre. Il faudrait un miracle pour que cessent le ressac, le vent, la brume, la fin de l’Amérique.

Tu le sais déjà, que le miracle eut lieu. Le bon moine de Majorque a trouvé le point de passage, le nœud secret où les continents s’entrechoquent à donner une des plus belles villes du monde avant de nous la reprendre un jour. Un miracle de Saint-François, le miracle de la porte Dorée, la baie cachée qui donnera du fil à retordre à la baie des Anges.

San Francisco attend les vagabonds que nous sommes à l’hôtel du même nom. Comme tout le monde, nous avons franchi le pont rouge dans la lumière du soir et comme tout le monde nous en avons été éblouis. C’est ici que prend fin la fin de l’Amérique avant de renaître de ses cendres, du moins tant que Saint-François restera plus fort que Saint-André.

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Commentaires
M
Pareil pour Saint François ! sont-ce les nouveaux mystères de l'Ouest ?
M
de rêves de miracle
M
Querelle de saints ? Encore une bouffée de rêve salutaire et revigorante. Merci
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