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14 mars 2006

31. Les actrices #1.

Il ne faudrait pas s’imaginer qu’une route droite sur une plaine uniforme ressemble à une route droite sur une plaine uniforme. Celle où nous roulons maintenant est nouvelle, en cela que nous y roulons pour la première fois, et que nous savons pertinemment que c’est aussi la dernière fois que nous y roulons. Pourquoi devrions repasser par ici un autre jour de notre vie, je vous le demande.

 

En quittant Boise, nous avions suivi la nationale qui longeait la rivière Malheur. Tout arrive, même à une rivière de s’appeler Malheur. Je ne sais même pas si c’est un affluent de la rivière sans retour que nous avions croisée lors de notre chemin des écoliers d’avant Boise, du côté des dents de scie. Alors pourquoi pas une rivière Malheur.

 

Vous avez tord de m’en vouloir de ne pas vous avoir raconté le retour de la rivière sans retour, puisque nous en sommes revenus. Nous avions escaladé les cols en remontant vers le Nord pour redescendre dans le dernier recoin du bassin de la Columbia River où jaillit et serpente la Salmon River, la rivière sans retour elle-même en chair et en os ce qui n'est pas rien pour une rivière d'eau joyeuse bondissant dans ses galets de torrent frais émoulu, le gave de Pau n'est pas plus modeste. Les dangereux rapides qui nous ont effrayés au cinoche sont beaucoup plus loin en aval et nous n’irons pas les voir, pour le moment l’eau s’amuse dans la haute vallée glaciaire. Arrivé à Cap Horn, la route repartait au Sud pour repasser des cols et, après quelques villes fantôme, nous ramenait au bercail, Boise et la rivière du serpent.

 

Vous aviez bien lu, c’est à Cap Horn, qu’on repart vers le sud. Ainsi va le continent.

 

Il nous a suffit, en trempant notre main dans cette eau, de savoir que plus bas était le souvenir de la belle actrice pour être ému rien qu’en s’y reflétant. Le reflet va descendre le courant et rejoindre des histoires qui ne nous appartiennent pas. Parfois je me demande ce qu’aurait été mon voyage si je n’avais pas aimé le cinéma.

 

Pendant des heures nous avons remonté les autres cols et descendus des lacets interminables, à croire que nous n’en reviendrions jamais de cette rivière, un peu d’inquiétude ne nuit pas à la beauté du paysage et à l’exotisme des villes désertées, mais enfin la route a longé le lac qui annonçait la ville, Boise, ses rues, ses péruviens, sa coiffeuse.

à suivre.

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Commentaires
M
Te noyer à Dieppe ? l'ancre y est ? fais-le dans l'encrier
M
je reconnais mes torts sans être retors, tordue.
A
Quand serres.
M
Rien que pour le plaisir de t'en vouloir, j'ai tort et le tort tue ...
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