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17 février 2006

29. Boise #1/2.

Je ne m’y habituerai jamais. Le passage de ce mot du français à l’anglais lui a donné un retour inattendu de francophonie. Jeu subtil des langues où nous sommes bien incapables de séparer le hasard et la logique et qui finissent en baisers procréatifs. Je ne sais pas pourquoi Boise s’appelle ainsi, était-ce une idée de Clarke and Lewis, un larcin de plus aux indiens, ou un guide français dans l’équipe ? On ne m’empêchera pas de trouver à ce nom un profil bien de chez nous, et si le passant que je croise pouvait comprendre, je ne me gênerais pas pour le prononcer comme il s’écrit.

 

Mais essayez donc de prononcer Boise comme il s’écrit, le passant vous regardera avec suspicion et vous pourriez vous retrouver à Guantanamo.

 

Il n’est pas boisien, le passant, il est boiser, prononcez Beau et Zieur, en mâchonnant bien le chewing-gum que vous avez oublié d’acheter, sinon il ne comprendra pas mieux.

 

Beau-Aisé. J’aime bien que cette ville se prononce ainsi, le nom lui va bien. Il ne s’agit pas de beauté des monuments, ne vous méprenez pas. La ville est banale, proprette, avec son réseau orthogonal de rues et d’avenues, elles ont des noms à la place de numéros ce qui déjà la rend plus sympathique, sa ceinture d’usines (à l’Est comme partout) et de maraîchers (à l’Ouest comme ailleurs), et ses interminables défilés de maisons comme on en voit dans les films, comme on en voit en Amérique. Ce n’est pas l’aspect qui fait le lieu ici.

 

La tête des passants que nous croisons paraît différente, subtilement. Il n’y a plus de red necks. Du moins nous n’en avons pas vus. Il n’y a personne en réalité, et pourtant nous avons croisé des passants, je me suis même permis d’en médire sous prétexte de prononciation. L’heure n’était pas tardive quand nous sommes arrivés, descendus des montagnes où nous avions voulu faire un détour, revenus de la rivière sans retour. Le temps d’entrer en ville le soleil dans les yeux, de tourner un peu à la recherche du Bi-n-Bi que nous avions repéré depuis la France, il faisait nuit.

 

Ce n’est pas suffisant pour expliquer la disparition des passants, sinon ceux qui nous ont renseignés gentiment, comme quoi Guantanamo ne sera pas pour aujourd’hui, et nous avons fini par trouver la rue des restaurants.

 

Je ne sais ce que vont penser ceux qui connaissent Boise de cette fugitive impression, mais je ne suis pas le bureau des renseignements, je suis le subjectif de l’apparence. Plus qu’une rue, c’est tout un bloc qui s’anime le soir venu ; il y a foule dans les rues piétonnes, bordées de terrasses comme à Rome, et tous les cinquante mètres un orchestre de Jazz en pleine forme. Tout le monde est là, c’est pourquoi il n’est pas ailleurs, c'est pourquoi les passants disparaissent.

 

Nous avons choisi notre table, et nous avons goûté la musique et la nourriture. La nourriture était italienne et la musique était noire, nous nous sommes régalés. Bon, il faut savoir être objectif, à Naples les pizzas sont meilleures et à Florence les spaghettis mieux cuits. Mais j’aime me sortir des lieux communs et goûter l’instant. Et la mandoline jamais n’abolira le saxophone.

à suivre.

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Commentaires
M
Pour un texte à la fois beau et aisé à lire ; imperturbablement je viendrai effacer tous les héros.
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