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27 février 2006

29. Boise #2/2.

Ce sera une très longue journée alors pas maintenant. Plus tard.

Nous avions prévu de nous coucher tôt. Après le dîner, il nous a semblé que l’orchestre là-bas était meilleur qu’ici, nous avons traversé la rue pour une nouvelle terrasse et un alcool final. En effet l’orchestre était bon, inventif, énergique dans les vieux succès des Jazz Messengers, le petit saxo en devenait tout rouge de vouloir jouer comme Benny Golson, et il y réussissait presque.

J’ai dit presque. N’est pas Golson qui veut ni qui peut, même en devenant tout rouge. La table à côté de la nôtre était bruyante, pas étonnant, pleine de jeunes, vous savez, cette espèce en voie de disparition qu’on porte au pinacle quand il faut avoir l’air et qu’on laisse pourrir quand on n’a plus l’air du tout. D’ailleurs toute la rue était pleine de jeunes, les étudiants de Boise je suppose qui se donnent rendez-vous ici chaque soir. Il y a des étudiants, à Boise, et une université ouverte au monde. Nous étions les ancêtres du quartier.

Je me suis soudain avisé que je ne me forçais pas beaucoup pour entendre et comprendre ce que disaient nos voisins bruyants. C’est qu’ils le disaient en espagnol. La théorie voudrait que je comprenne mieux l’anglais que l’espagnol. Mais la pratique de l’américain déjà réduisait à peu de chose ce que je savais de l’anglais, et pour tout vous avouer, une sorte de mauvaise volonté venue du fond de mon cerveau reptilien faisait que l’espagnol m’était plus doux que l’anglo-saxon. Alors j’ai tendu l’oreille, et j’ai abordé mes voisins dès que le hasard a voulu qu’ils nous demandent du feu. Vous saurez qu’en Amérique du Nord, demander du feu à quelqu’un en pleine rue pour allumer un clope est une opération à hauts risques. Ils nous en ont demandé, n’ont pas été étonnés que nous ne soyons pas étonnés, et ‘Aliénor leur a tendu un briquet. Le lien était créé.

Ils étaient péruviens et faisait leurs études ici. Je vous l’avais bien dit, Boise est une université cosmopolite et réputée, je l’ai appris à ce moment précis et je comprenais enfin pourquoi, sans avoir été capable de regrouper les paramètres objectifs comme ils disent, cette ville m’allait bien. A bâtons rompus, et avec force verres de Pisco cul secs, nous avons reconstruit le monde en espagnol jusqu’à trois heures du matin et Deubeuliou a été habillé pour tous les hivers qu’il nous prépare.

Quant à la longue journée du lendemain, je la voyais de moins en moins bien.

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Commentaires
M
Voir de moins en moins bien, voilà où conduit l'intempérance !
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