51. Dream Catcher. #51.4 - Lendemain qui chante.
Même dégrisé et reposé, je refuse d’admettre que ce ne fut
qu’illusion et billevesée. L’eau du bain était bien bouillonnante, la boisson
bien pétillante, et nos esprits en ébullition. Sous l’ironie de l’histoire se
cache la certitude intime que de tels moments sont nécessaires aux
constructions de l’esprit. Sans le savoir, nous avons tous et chacun de nous à
son moment venu, approché des vérités fondamentales, caressé l’arbre de la
connaissance du bien et du mal, défié l’humanité toute entière et tout ce
qu’elle a connu de pauvres sages et de pauvres fous.
Les virginiennes ont peut-être emporté dans leur sud profond une
image de moi qui leur servira, et pourquoi pas le jour du massacre dans leur
collège, les hommes tombés garderont un zeste de regard derrière mes hublots
vermoulus et le serviront à qui le demandera dans dix ans ou demain, et comme
des voleurs nous cacheront des choses, des gestes ou des éclairs qu’ils auront
laissé gambader à notre portée ce soir là, qui surgiront de dessous mon clavier
au moment le moins probable.
Un petit pois se sera niché dans le tréfonds de chacune de nos têtes, il va nous aider à vivre. Nous ne le retrouverons peut-être jamais, le petit pois, il nous sera devenu trop intime, il deviendra petit pois de nous-mêmes au point que nous ne le reconnaîtrons pas s’il vient, bien mieux caché ainsi que comme corps étranger. Ne riez pas de notre exaltation dans les bulles et ne cherchons pas à la réinventer.
Elle vint, elle s’en fut, et j’écris.
Et cette fois c’est vraiment la fin des bulles. Pour de vrai.