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AMERICA
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23 décembre 2005

24 - La bascule.


Depuis le temps que nous sommes partis, j’ai pu oublier ce qui était arrivé ; Chicago, les plaines, les premières montagnes, des milliers de miles avalés et volés, pour ne pas parler en kilomètres je suis devenu américain oui ou non, et le nombre n’en serait que plus impressionnant. Voilà, le premier indice : le nombre de miles parcourus, si élevé soit-il, est quatre fois plus faible que celui de ceux restant à parcourir. Ce sont ceux-là, ceux du passé, qui m’impressionnent, non ceux à venir. N’est-ce pas là l’Amérique américaine, qui veut ainsi oublier le passé qui pourtant nous a fait pour un futur qui nous défera peut-être ?

La vérité est que je n’ai pas envie de les oublier, ces plaines, justement parce qu’elles ont façonné en moi un espace qui les attendait, recroquevillé là-bas dans le fond. J’y ai croisé des indiens, du maïs, des joueurs de blues, des orages et des policiers. J’ai salué Calamity Jane et Cary Grant, sans me douter qu’un engrenage m’entraînerait beaucoup plus loin que les miles parcourus, que les miles à parcourir, que moi-même.

Dois-je m’en réjouir ou m’en attrister ? Je me garde la réponse. L’important est de savoir qu’il coule désormais en moi quelque lave américaine, qui vient bousculer mes fantaisies européennes et mes complexités d’ancien monde.

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Commentaires
M
C'est gentil de m'avoir laissé la pâte à sel pour le grain et la pâte feuilletée pour écrire ... ce n'est pas du tout cuit.
A
Quel étrange plaisir de voir mes chemins de traverse recoupés par d'autres imaginations, au point de mélanger mes deux voyages que je croyais insolubles.<br /> <br /> La liberté du lecteur, de la lectrice ne confondons pas les genres, se révèle ici. J'ai je l'avoue traversé quelques moments d'incertitude et d'interrogation : ai-je écrit ce que j'ai écrit, l'ai-je écrit comme il fallait, l'a-t-elle lu comme elle devait, comment redresser la barre du thé et le poing du nez.<br /> <br /> Bon sang mais c'est ..., disait l'autre. J'écris pour que d'autres inventent sur ce que j'écris, je ne suis pas le gourou chargé de vérité, avec des vé majucules partout, je ne suis pas le tout-puissant inventeur tout cuit de ce qui doit être cru. Mais je donne une matière, et ma prose est pâte à modeler, bonne pâte, pâte friable, pâte compacte, à chacun d'y statufier ses propres envies, ses propres avis, sa propre vie.<br /> <br /> Je ne suis plus là et mon moine m'échappe dans tes mains, Marie, et part pour de nouvelles aventures. Ainsi je peux continuer, lent las et lu, jusqu'à la fin du monde.
M
Je lis Théolone avec le nuage de poussière qui vient de me le dissimuler et je me retrouve face au 4x4 rouge .. les pensées sont les mêmes, le propos anachronique, néanmoins je le livre à la sagacité du Penseur, panseur à ses heures et avec la magie du copier/coller il pourra porter le pensement au moine.<br /> ....Sur la route en face roule une voiture et en raison du nuage de poussière qui l’entoure, elle est certainement conduite par un homme, il roule vite. Du moins c’est ce que pense la femme derrière son volant. Dans peu de temps nous allons nous croiser. La ligne jaune sépare la route mal goudronnée, pleine de nids de poule ce qui la rend cahoteuse. « Ne pas franchir la ligne continue » disait le moniteur, « pensez que c’est un mur et les voitures ne roulent pas sur le haut des murs … » pourtant il est facile de s’écarter, tel un papillon de nuit fasciné par la lampe, et venir s’éclater en face, ça mettrait fin aux problèmes … oui mais l’homme est peut-être marié, il a des enfants qui l’attendent …une main invisible retient sinon la pensée, au moins le geste.
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