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5 octobre 2006

‎40.4 – ALITO.‎

Le bardage en bois de l’image et la bouée accrochée évoquent un pont de bateau ou une avancée piétonne dans la mer, un ponton aux sirènes peut-être, un appontement à coup sûr. Tu as vite fait de deviner le reste, le plancher humide qui grince, l’eau en dessous qui clapote, les chaises longues à contourner, les hublots tournés vers l’intérieur. C’est curieux comme, vu du dehors, un hublot donnant sur la mer devient tourné vers l’intérieur. L’ambiance est portuaire.

Je vois tout ce que tu ne vois pas sur la pochette, je n’y vois pas ce qui te crève les yeux.

Le disque est fini. Tu sais à quoi tient le plaisir du vinyle ; il faut se lever du canapé, traverser la pièce alanguie par l’écoute, ouvrir le couvercle de la platine, poser l’aiguille sur son support, soulever le disque, le retourner, poser l’autre face, soulever l’aiguille de son support, la poser délicatement sur la marge brillante du bord, attendre d’entendre le cri de l’aiguille qui tombe dans le sillon, refermer le couvercle de la platine, traverser la pièce jusqu’au canapé et enfin s’asseoir, s’affaler. La musique a déjà recommencé.

Non, ma platine n’est pas automatique, c’est pourquoi depuis vingt-cinq ans elle marche encore. En réalité, cette fois là, j’avais laissé le disque en place pour écouter une nouvelle fois la face 1. L’aboyeur de service est enregistré, qui lance le concert. « Once again, the Trident takes extreme pride presenting a young jazz group, the Denny Zeitlin Trio ! ». Sous les saccades de la batterie et les applaudissements polis, le jeune pianiste reprend pour la 2001ème fois la fameuse chanson de Sonny Rollins, Saint-Thomas.

Je ne te garantis pas que le texte de l’annonce soit exactement ce texte-là. Depuis 2000 fois que je tends l’oreille, « extreme pride » reste incertain. Mais, bon, je n’ai que lui à te mettre sous la dent.

Bon sang mais c’est bien sûr. L’image de la pochette est enfin arrivée sur le neurone unique que je nomme mon cerveau. N’importe qui aurait vu sans effort sur le morceau de bouée découpé par le bord de la pochette, le morceau de mot inscrit sur la bouée. Tu ne vois que lui, il te crève les yeux, et comme l’extreme pride sonore jamais vraiment décrypté en 2000 écoutes, les lettres A.L.I.T.O. inscrites sur la bouée me sont restées 2000 fois invisibles. Et je les vois maintenant : A.L.I.T.O., Sausalito.

à suivre.

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Commentaires
M
Une hypothèse : le mot est juste comme tu l'entends, il y a de quoi être fier non ?
M
Et s'accrocher à la bouée pour mieux revivre les souvenirs et ne pas perdre le rythme.
M
Et pour le vinyle : trouver la bonne vitesse.
M
Je viens réécouter la musique des mots
M
Marcel Amont : bleu, blanc, blond et un parfum Canoé de Dana. Voilà ce que m'évoque ce voyage en Californie ; de l'art.<br /> Sonny Rollins a animé le festival en 1958 ?
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