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24 avril 2006

33. Terre et Cendre.

Terre et Cendre, trois jours d’arrêt. Trois jours sans conduire. Pendant trois jours, je ne conduis plus et je vais au théâtre. Silence, on souffle, on reprends son souffle : nous n’avions pas seulement rendez-vous avec le fils du frère de ma mère, ici, nous avions aussi rendez-vous avec Shakespeare. Il nous attend, en personne, dans son Globe Theater comme il n’y en a qu’en Amérique qu’on peut le trouver.

Comme il vous plaira.

Nous les avions réveillés, les cousins. Sous l’éclairage parcimonieux et municipal, nous hésitions devant la maison, il ne faudrait pas réveiller un américain bien tranquille. Comment discerner une maison américaine avec sa pelouse d’une autre maison américaine avec sa pelouse, comment être sûr qu’on est bien au numéro 750 de cette avenue, encore heureux qu’elle ait eu un nom, ici aussi ? Nous savions qu’il y avait un 750 North et un 750 South, séparés probablement de quinze kilomètres, ou quelque autre cardinal désorienté. Etions nous du bon côté de la rose des vents, cette nuit sans étoile ?

Nous avons tourné sept fois autour du pâté de maison et notre langue dans la bouche, avant de tambouriner à la porte du 750N qui pendait dans un coin sur un bout de planche mal dégrossi, encouragés par l’état déplorable de la pelouse. Un américain normal n’aurait jamais accepté sans déshonneur une pelouse qui ressemblât à ce point à une savane après la sécheresse. Pas de doute nous étions chez eux.

Ils nous ont ouvert avec une tête de premier sommeil interrompu, mais on ne vous attendait plus. Ils n’avaient pas besoin de nous le dire, qu’ils ne nous attendaient plus. Ils nous ont montré notre chambre et sont partis derechef re-sombrer. Nous avons fait comme eux, la journée avait été longue, du coiffeur aux dormeurs.

Ne croyez pas à une quelconque forme d’inhospitalité, surtout. Impossible d’être plus dévoués, chaleureux, généreux, que ces cousins là. Elle était américaine de l’Oklahoma, ne serait-ce pas plutôt l’Arkansas, et lui, même encore un peu européen par la pelouse, avait pris ce côté pratique et efficace qu’impose la vie de ce pays ; il était temps de dormir pour tous et la sagesse, leur sagesse, voulait que tous dormissent. N’importe où ailleurs, en Italie ou à Isfahan, à Bombay ou en Bolivie, en Argolide ou en Artois, chacun aurait lutté contre ses paupières pour raconter sa vie jusqu’à pas d’heure, tout le monde attendant avec impatience l’impoli qui le premier bâillerait, il y a toujours un impoli qui finit par bâiller. L’important est de n’être pas le premier.

Les congratulations et embrassades ont été au rendez-vous le lendemain autour d’un petit déjeuner aussi pantagruélique que tardif, samedi matin, et tout le monde à Terre et Cendre fut à la hauteur de l’événement.

à suivre.

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Commentaires
A
Avec, évidemment. Sais-tu qu'il m'arrive même d'aimer le ketchup, qui n'est rien d'autre que l'américanisation d'une très vieille recette vietnamienne, pas trop déformée.<br /> <br /> Tout dépend sur quoi on le met, et quand, et où. Une omelette de petit déjeuner de là-bas s'y prête très bien.
M
Avec ou sans ketchup ? sinon un régal ...
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