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21 octobre 2005

18 - ROCKY #2.

18.2 

         Les jours sont longs en juin. Pourtant, vu de Buffalo, notre déjeuner est déjà loin dans l’Est, et loin vers l’Ouest est notre rendez-vous. Les ombres font mine de s’allonger et nous sommes au pied des monts. Tous les spécialistes le disent, on ne part jamais l’après-midi traverser la montagne. Encore une idée de parisien puisqu’on décide que je le suis, de partir en montagne l’après-midi.

Nous avons soigneusement rempli le réservoir de la mule chez monsieur Texaco, lui ou un autre peu importe mais là c’est lui, et nous avons rempli nos tuyaux de café chaud. Chaud pour sûr il est chaud le café. Est-ce du café, c’est moins sûr. Le monsieur m’a dit que c’est du café, et nettement moins cher au litre que ses produits pétroliers. Un litre gratuit par personne pour un plein. Mais c’est peut-être aussi un produit pétrolier.

Vous me croirez si vous voulez, vous êtes libres, mais j’ai fini par m’y habituer, à ce breuvage. Un litre de café dans un bocal en carton avec une paille à travers le trou, et on repart guilleret quels que soient le thermomètre et le kilomètre. Dopés comme des athlètes, nous nous lançons à l’assaut des Montagnes Rocheuses pour rattraper le soleil qui a pris de l’avance.

La route de montagne est limitée à 65 miles. Je cale la mule à cette vitesse, enfin légèrement au dessus je suis parisien ne l’oublions pas, et le rythme de croisière reste exactement celui de la plaine, il n’y a guère plus de virages. La pente est forte mais la route est droite, et personne n’avait encore rendu cette phrase ridicule pour gâcher le plaisir.

Nous sommes en train de nous hisser sur un des plus hauts cols de notre périple, et nous ne passons aucune épingle à cheveux, aucun précipice, aucun encorbellement, aucune de ces réjouissances spectaculaires et inquiétantes dont nos routes alpines ont le secret. Pourtant, très vite maintenant, le paysage change. La prairie cède devant les forêts de feuillus, les sapinières leur succèdent, denses et noires. Un grand rocher parfois entaille la large vallée, vestige perdu d’un glacier.

Les sommets semblent tout proches, comme autant de records d’Europe, et négligemment étalent des plaques de neige encore vivantes. Une marmotte traverse la route juste devant. Je ne sais pas si c’est une marmotte, je dis marmotte pour avoir l’air savant. Un manteau de fourrure sur quatre pattes gros comme trois pommes a traversé vite fait, c’est tout. A cette heure là, je ne sais même pas si c’est l’heure des marmottes, des skunks ou des taureaux, enfants cachez vos rouges tabliers.

(§18. à suivre)

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Commentaires
M
Un taureau haut comme trois pommes ? promis, juré, j'aurais pas peur.
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